Franco Serantini a connu de nombreuses cellules: l'orphelinat, le pensionnat, la maison de correction - toujours irréprochable, à l'exception du fait d'être orphelin et pauvre - jusqu'à la cellule numéro 7 de la prison Don Bosco de Pise. C'est là qu'il mourut le 7 mai 1972. Deux jours plus tôt, il avait été arrêté en marge d'une manifestation antifasciste et massacré par des agents de l'ordre public. Il agonise à cause l'inertie du magistrat, des médecins, des infirmières, des agents et des fonctionnaires de la prison.
Un demi-siècle plus tard, ce texte retrace la documentation des tribunaux et les archives des avocats des plaignants et des personnes de bonne volonté, dont l'action - et la mémoire - a été décisive pour empêcher que l'histoire d'un massacre commis par des hommes d'État soit effacée. La documentation est aujourd'hui déposée et consultable dans les archives de la bibliothèque de Pise, qui porte le nom de Franco Serantini.
Lorsqu'il a été décidé d'un "non luogo a procedere" (non-lieu), l'enquête historiographique et la reconstruction du contexte politique s'éloignent des conclusions des juges de l'époque: les archives de l'affaire contiennent bien les preuves d'un crime et les indices d'une responsabilité.
Mais elles contiennent aussi le testament politique et moral d'un anarchiste de 20 ans et, avec lui, un aperçu précieux de la rébellion ouvrière et étudiante en Europe.
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